L’asperge
Vous connaissez sans doute l’expression « aller aux champignons »...
... mais savez vous ce que signifie « aller aux asperges » ?
Vous, oui vous qui avez passé l’hiver à tenter de convertir votre rebelle de 13 ans au respect des saisons pour sauver la planète (et à la saison des endives, c’est carrément héroïque...), réjouissez-vous !
Car votre calvaire touche à sa fin avec l’arrivée du printemps. Fini les reproches au moment de passer à table, le mois d’Avril est bonne fille, et annonce le retour des asperges !
Certes, du point de vue de l’étymologie, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent avec cette tige potagère, de la famille des liliacées, si ce n’est un jeu de chaises musicales entre ses voyelles : en effet, l’asperge s’écrivait d’abord l’esparge. Une inversion qui disparaît dès le 16ième siècle, lorsque la plante a renoué avec ses racines latines, celles de l’asparagus, terme lui-même emprunté au grec asparagos qui désignait une pousse.
En fait pour l’asperge, comme pour nombre de légumes, c’est l’argot qui se révèle le plus fertile des terroirs. L’expression la plus répandue, et parfaitement innocente, c’est bien sûr la « grande asperge » dont on qualifie les personnes maigres et de grande taille. Mais il vaut mieux tourner sa langue avant de s’aventurer plus loin parmi les significations que l’on prête à ces pointes charnues et savoureuses.
En effet, l’asperge a depuis longtemps rejoint la cohorte des termes empruntés au potager pour désigner… le sexe masculin. Et, c’est de cet emprunt, qu’est née l’expression « aller aux asperges ». Rien à voir avec les champignons ! « Aller aux asperges » signifiait aller au travail pour une péripatéticienne... Faire pousser des asperges jusque sur certains trottoirs, il fallait bien l’imagination de la langue pour obtenir pareille récolte miraculeuse.
Louis Carzou
Terroirs de Chefs