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Terroirs de Chefs

La brioche

Parisienne ou mousseline

On prête à Marie-Antoinette l’entrée fracassante des ces boules de pâte levée dans l’Histoire…

Brioche

Mais ce qui est sûr, c’est que faire des brioches n’apaise pas les mœurs !

Deux rondeurs moelleuses et tièdes, parfois agrémentées de pralines, parfois alanguie sous forme de tresses dorées, la brioche fait briller les yeux des gourmands depuis plus de six siècles. L’origine du nom de cette pâtisserie se trouve d’ailleurs dans le terroir de la Normandie, dont elle rappelle les collines arrondies. En effet, le mot de brioche est un dérivé du verbe normand brier qui signifiait broyer. Il s’agit bien sur d’une référence au sort réservé à sa pâte, qu’il convient de pétrir avec entrain avant de la laisser reposer.

Quand vient l’instant de la déguster, lorsque l’on sépare la petite boule de la plus grosse, n’allez pas croire que le plaisir de cette décapitation pâtissière serait une forme d’hommage à Marie Antoinette et sa fameuse phrase (« S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! ») Cette boutade figure dans « Les Confessions » de Jean-Jacques Rousseau publiées en 1782. Cette saillie d’un goût de toutes façons discutable,  est donc antérieure au début de la Révolution française, contrairement à une légende persistante.

Il est d’ailleurs paradoxal de vouloir faire passer la viennoiserie de l’Autrichienne pour une marque de délicatesse. Car toutes les expressions nées du mot brioche penchent plutôt du côté des lourdeurs, physiques comme psychologiques. Il y a bien sur la « petite brioche » qui pousse avec l’âge sur le ventre de ces messieurs. Il y a encore le « dossier brioché » d’un suspect (signalé dans le « Parler des métiers » de Pierre Perret) qui signifie que les policiers ont amassé quantité de preuves à son encontre. Il y a surtout l’ancien usage du mot brioche lorsque celui-ci était synonyme d’une bévue, d’une maladresse.

Selon le Trésor de la Langue Française, ce sens serait né d’une tradition au sein de l’Orchestre de Paris, à la fin du 17ième siècle : lorsqu’un musicien faisait une brioche, c’est à dire une fausse note, il était mis à l’amende, et l’argent ainsi rassemblé permettait d’acheter de vraies brioches, partagées au sein de l’orchestre. Bref, la prochaine fois que vous allez chez votre boulanger préféré, évitez de lui dire que c’est le meilleur faiseur de brioche du quartier, il pourrait le prendre mal, surtout s’il lui arrive de jouer de la flûte en dehors de sa boulangerie…