La bûche
Vous craignez déjà d’avoir la nostalgie des bûches ?
Rassurez-vous, pour les langues de bûche, il n’y a pas de saison...
La simple vue d’un sapin vous pique les yeux ? Avec «repas de famille», les seules rimes qui vous viennent à l’esprit sont aiguille, torpille, ou faucille ? Alors, réjouissez vous, la bûche est votre amie ! Et même tout au long de l’année.
On a beau essayer de la noyer sous la crème, du côté des dictionnaires, la bûche n’est pas vraiment synonyme de compromis. Plutôt du genre rustique. Et les expressions avec de vrais morceaux de bûches dedans permettent de débiter autant d’horreurs à ses hôtes, parents ou voisins de table, oui, y compris le soir du réveillon.
Evidemment, si vous souhaitez au maître de maison qu’il «prenne une bûche», tout le monde comprendra que cela n’a rien à voir avec le feu assoupi. Mais il y a plus discret. Par exemple, vous pourrez lui suggérer d’arrêter de «parler à une bûche», autrement dit, de prêcher dans le désert. Très utile au moment des bonnes résolutions.
De fait, lorsque l’on qualifie une personne de «bûche», disons que l’on exprime quelques réserves sur ses chances de décrocher le prix Nobel, et même le «mot mystère» de son jeu télévisé préféré. D’ailleurs, les joueurs de canasta comme ceux de belote vous le confirmeront: pour ces accros de la pioche et du carton, une «bûche» n’est rien d’autre qu’une carte sans intérêt.
Et si vous vous retrouvez dans le voisinage sonore de quelque génie méconnu, dont la seule oeuvre répertoriée sont ses propres incantations, conseillez lui d’arrêter de «caresser la bûche». Pas besoin d’éloigner les enfants: cela signifie perdre son temps dans une occupation stérile, poursuivre de vaines activités. Version découpe de petit bois.
D’aucuns jugeront fort injuste le sort de la bûche, ce secret de beauté des cheminées comblées, dans les annales d’expressions et de proverbes. De quoi vous faire douter de l’esprit de Noël... pour les bûches.
Louis Carzou
Terroirs de Chefs