Si vous avez raté les 13 desserts provençaux
Entre Noël et le jour de l'An
Jetez vous sur les 4 mendiants, noisettes et noix pour les Augustins, figues sèches pour les Franciscains, amandes pour les Carmes et raisins secs pour les Dominicains.
Dans son émission "C'est de saison" Thibault Leclerc nous explique la tradition des 13 desserts provencaux à déguster à parts égales avant la messe de Minuit.
Mais si vous avez raté cet épisode, consolez vous en croquant les 4 mendiants !
Les treize desserts sont une tradition remise à l’honneur récemment (fin du XIXème) par les régionalistes provençaux. Au départ chrétienne, les treize desserts symbolisant la Cène et Jésus entouré de ses douze Apôtres, cette tradition a perdu peu à peu son sens initial, même si les références religieuses sont restées là, sous jacentes :
« La représentation des quatre ordres mendiants soulignée par la couleur de leur robe, la coutume de la « pompe à huile » ou fougasse, rompue comme le pain partagé par le Christ, les fruits d’Afrique en souvenir des rois mages : noix, amandes, figues et raisins secs, nougat blanc et nougat noir,… »
A cela, se mêlent des traditions païennes qui remontent aux célébrations du solstice d’hiver, comme la croyance dans les esprits avec la « part du pauvre » symbole de charité mais aussi destinée à satisfaire les « âmes mortes » ou autres esprits redoutés, ainsi que les miettes et reliefs laissés pour nourrir les « armeto » petites âmes perdues.
Les « Treize Desserts » font l’objet d’une liste officielle établie par le Musée des Traditions Populaires du Terroir Marseillais : raisin frais, pommes, poires, melon « verdau », sorbes, noix, amandes, noisettes, figues sèches, raisin sec, nougat noir, nougat et nougat blanc et "pompe à huile". Cette liste fait toujours l’objet de querelles de voisinage, la pompe à l’huile étant remplacée par les oreillettes, les tartes du Comtat, les ganses à Arles ou les Bugnes dans le Queyras. Tenter de gommer le caractère des pratiques locales est réducteur face à une dynamique régionale traditionnelle.
Cette orgie de douceurs offertes aux dieux au cours des fêtes qui célèbrent le changement d’année, se retrouve chez les grecs d’Egypte qui proposent aux visiteurs un plateau d’amandes, noisettes, noix, pruneaux et châtaignes. Les Juifs sépharades à Roch Hachana se délectent aussi de figues, d’amandes, dattes et raisins et en Espagne on déguste du « turon » nougat au miel et aux amandes et pour la nouvelle année il faut manger une grappe de raisin frais. Ceci toujours arrosé de vin chaud nectar des dieux.
Joséphine de Caumont
Terroirs de Chefs