Les producteurs de parmesan
Visite d’une fabrique dans la région de Parme
A la découverte des mille et un secrets de fabrication de cette meule qui a conquis les gourmets du monde entier
Malgré une diffusion internationale, le parmesan a su garder ses qualités intrinsèques grâce à un cahier des charges très strict du consortium qui regroupe l’ensemble des 380 fromagers bénéficiant de l’AOP « Parmigiano Reggiano ».
Un lait d’origine tout d’abord, sachant qu’environ 3500 fermiers approvisionnent chaque jour en lait de vache de la région les producteurs de parmesan, une des règles imposées par le consortium étant que celui-ci provienne exclusivement des vaches de la région de Parme.
Le lait entier du jour est stocké dans des grands bassins en métal pendant une nuit afin qu’il se sépare en crème et lait écrémé. Puis chaque matin, le lait écrémé est transvasé dans des grands chaudrons en acier et en cuivre et on lui additionne lait entier du jour et petit lait de la veille dont l’abondance en ferments lactiques va favoriser la fermentation.
Le fromager rajoute ensuite la fraisure qui va permettre au lait de cailler. La fraisure, toujours selon le cahier des charges, provient de veaux nourris exclusivement au lait et élevés dans la région de Parme, où elle est récupérée au bout de 4 mois dans leur estomac. La fraisure de veaux est le seul additif dans le parmesan, ni sel ni conservateur ne sont ajoutés au cours de sa fabrication.
Après addition de la fraisure, le mélange est ensuite chauffé à 35°, température idéale pour le caillage puis à 55° pour permettre aux grains de se détacher et de se déshydrater. C’est là qu’intervient le savoir faire du fromager qui signale le moment où la cuisson prend fin.
Le fromage est alors versé dans un grand linge en lin pour l’égouttage puis cerclé dans des grands moules en plastiques et mis sous presse.
Cette opération dure 8 jours pendant lesquels le fromage prend sa forme typique de meule. Il est ensuite plongé une vingtaine de jours dans une saumure pour renforcer son gout typique et finalement entreposé dans des entrepôts d’affinage, celui-ci durant de 16 à 36 mois selon la typicité souhaitée du fromage.
Ce n’est qu’à ce stade qu’on va distinguer le véritable « Parmigiano Reggiano » après un contrôle qualité strict de la part du producteur fromager. La meule est tout d’abord frappée avec un petit marteau, pour vérifier au son qu’elle est bien compacte. Le fromager reconnaît au son différent qui s’en dégage la présence de trous d’airs ou de boules. Toute meule présentant ce défaut est automatiquement écartée et ne bénéficie pas de l’AOP.
Ensuite, deuxième étape de contrôle, le fromager pratique des petites incisions dans la meule pour la gouter et sélectionner les meilleures qui seules bénéficieront de l’AOP et du fameux cachet caractéristique ainsi que d’un numéro de série. Les autres seront striées autour de leur circonférence pour signaler leur moindre qualité gustative et auront le droit au nom de « Parmigiano Reggiano Mezzano». Si elles ne sont vraiment pas aptes à bénéficier de l’appellation « Parmigiano Reggiano » le fromager enlève la croûte de la meule qui, déclassée, sera vendue comme du parmesan râpé ou fondue.
Qu’est ce qui permet ensuite de le choisir ? 16 , 24 ou 36 mois ? Et pour quel usage ?
«Le 16 mois n’est quasiment jamais consommé en Italie. Il est un peu acide avec une saveur très marquée de lait et n’a pas eu un temps d’affinage suffisant pour développer les arômes typiques du parmesan. Il n’est donc pas très intéressant gustativement parlant. », m’explique Laura Zavan, journaliste culinaire et spécialiste de la cuisine italienne.
Pour le déguster, suivez les conseils italiens: prenez un couteau spécial parmesan à la lame en forme de cœur et casser des morceaux. Le parmesan ne se coupe jamais, il se fragmente. Ensuite prenez un morceau avec vos mains, cassez le en 2 et sentez le. Vous aurez l’air d’un vrai connaisseur car c’est le meilleur moyen de sentir ses arômes et de mettre en avant sa structure granuleuse.
Vous reconnaîtrez le 24 mois à ses parfums de noix et de miel et à sa douceur. Il est à point pour être dégusté, tel quel avec un verre de vin avant le repas, ou en copeaux sur une assiette d’artichauts crus émincés ou avec un carpaccio de bœuf.
Quant au 36 mois, sa saveur puissante et piquante attire les gourmets amateurs de sensations fortes. Il est plus friable, granuleux avec des cristaux qui croquent sous la dent comme des cristaux de sel. Pour les afficionados, il a l’UNAMI tant recherché par les japonais en raison de sa teneur naturelle en glutamate de sodium.
Pour Laura Zavan, son prix est plus élevé mais si vous l’utilisez en cuisine cela revient au même car vous en utiliserez une quantité plus faible : une cuillère à soupe environ pour deux cuillères de 24 mois et trois de 12 mois pour la même intensité finale dans votre plat.
Qualité intéressante, le parmesan peut être consommé même par les personnes allergiques au fromage. Sa pâte dure ne contient que très peu de lactose et on le conseille dans les recettes pour enfants en raison de sa très grande digestibilité.
Outre ses qualités diététiques, le parmesan est l’allié incontesté des pâtes et des risottos, à qui il apporte saveur et onctuosité. Laura Zavian l’aime beaucoup avec un risotto au potiron, une de ses recettes favorites mais aussi saupoudré sur des raviolis à la ricotta, accompagnés d’un beurre de sauge. Et surtout suivez son astuce, ne jetez plus vos croûtes de parmesan, mettez les dans une soupe ou un plat qui vont mijoter longtemps, elles lui apporteront parfum et onctuosité.
Et pour terminer par un mariage franco-italien, essayez le parmesan avec une coupe de champagne, c’est magique !
Sophie le Menestrel
Terroirs de Chefs